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Dans la Californie en flammes, les Français au bord du burn out

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Dans la Californie en flammes, les Français au bord du burn out

Les deux principales villes de Californie, San Francisco et Los Angeles, qui comptent chacune 30 000 Français inscrits dans les registres consulaires, ont depuis plusieurs semaines pris des airs d’Apocalypse. Les incendies ont déjà détruit près de 1,3 million d’hectares de forêt dans ce seul état, fait 25 morts, et les images d’un San Francisco plongé sous un ciel rougeoyant ont fait le tour du monde.

> “Sinistrose ambiante”

La qualité de l’air s’est considérablement dégradée suite aux incendies, bien que les situations soient contrastées: les habitants des collines de Beverly Hills peuvent profiter de leur jardin l’après-midi tandis que l’air reste irrespirable à Pasadena, distante de seulement 40 km. Mais partout, la poussière de cendre se ramasse à la pelle. A San Francisco, les autorités ont recommandé aux habitants de rester chez eux et de ne pas pratiquer de sports en extérieur. Certaines écoles qui avaient juste rouvert leurs portes après six mois d’enseignement en ligne ont dû fermer à nouveau à cause de la détérioration de la qualité de l’air. “Certains habitants ont choisi d’aller passer plusieurs semaines dans une autre region des Etats-Unis pour échapper à cette fumée”, souligne Sophie Lartilleux Suberville, conseillère consulaire de la circonscription de San Francisco, avant d’ajouter que “depuis une semaine la ville semble se réveiller tout doucement d’un long sommeil qui a vu le centre de San Francisco se transformer. Beaucoup d’enseignes de magasins ont changé, ou ne rouvriront pas, la population SDF s’est peu a peu installée dans cette ville qui était devenue déserte”.

Même constat morose à Los Angeles, devenue méconnaissable. “La ville est très très calme, les routes sont très peu fréquentées, il n’y a plus de trafic. Il y a une sinistrose ambiante: des rues entières ont leurs commerces fermés, tous les magasins sont barrés par des planches de bois. Il y a une baisse d’énergie dans la ville qui est palpable”, se désole Hélène Demeester, vice-présidente de l’association Français du Monde-ADFE Los Angeles, installée dans cette ville depuis 25 ans.

> Vague de départs

La crise sanitaire du Covid-19 avait déjà durement frappé l’économie locale, laquelle s’est encore détériorée suite aux manifestations antiracistes du mouvement Black Lives Matter. Certains débordements en marge de ces protestations ont dissuadé la réouverture de commerces. Pour Hélène Demeester, c’est l’enchaînement des circonstances qui a accentué le déclin économique: “Les restaurants commençaient à perdre leur clientèle et à ne plus avoir d’argent. Pensant qu’ils se remettraient en selle après la crise du Covid, ils ont tout fait pour survivre. Et puis les manifestations de juin ont fait qu’ils ont eu peur et ont mis la clef sous la porte. C’est une mauvaise coïncidence”. Elle note que 150 familles de Français de Los Angeles ont quitté le pays et se sont désinscrits du consulat.

Nombreux sont ceux qui ont perdu leur titre de séjour après avoir perdu leur emploi et sont donc contraints de partir. Une tendance observée par le conseiller consulaire Claude Girault, par ailleurs chef d’îlot du comté d’Orange où résident environ 5000 Français: “Je suis submergé d’appels à l’heure actuelle, notamment pour des demandes de rétablissement de passeports. D’un seul coup, les gens veulent retourner en France. Je les aide dans leurs relations avec le consulat afin qu’ils puissent rentrer car il y a un engorgement des demandes”. Même constat du côté de Cynthia Hajjar, présidente de l’Union des Français de l’Etranger Los Angeles (UFELA), qui réside depuis 25 ans dans la Cité des anges: “De nombreux secteurs ont été touchés, l’hôtellerie, le cinéma, la restauration, certaines sociétés de tech, etc. Les Français ne se sentent plus bien comme avant à Los Angeles. Avant c’était le rêve américain. Aujourd’hui, des personnes se retrouvent sans emploi et ont donc décidé de rentrer en France pour trouver autre chose. Je connais beaucoup de familles qui sont parties du jour au lendemain, il n’y a pas beaucoup d’espoir. On vit au jour le jour. On ne peut plus faire de plan pour le lendemain”.

Si l’avenir semble donc incertain pour de nombreux Français de Californie, ils n’en perdent pas moins leur art de vivre “à la française”: le 1er octobre, les Français du comté d’Orange se réuniront pour un apéritif en visioconférence.

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